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07 Août 2024
80 ans de la Libération : histoire d’une casemate oubliée
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80 ans de la Libération : histoire d’une casemate oubliée

Michel Deleplace, Roncquois de 86 ans, nous parle d'une casemate désormais inaccessible où il jouait enfant, le long de la rue de Lille. Dans ce blockhaus souterrain (et partout ailleurs dans la ville), des Écossais ont attendu les Allemands durant plusieurs mois au début de la Seconde Guerre mondiale…

Sous les doigts de Michel Deleplace, né en avril 1937, une feuille avec une dizaine de tirets. Autant de souvenirs que le Roncquois a soigneusement inscrits sur son cahier, et qu'il balaie sans cesse du regard. L'octogénaire s'attarde surtout sur l'une des lignes durant son témoignage : les Écossais qui stationnaient en face de chez lui, dans une casemate (un blockhaus enterré). « C'était pendant la Drôle de Guerre (de septembre 1939 à avril 1940). La casemate pouvait accueillir peut-être deux sections, 50 ou 60 soldats. » Michel Deleplace était haut comme trois pommes à l'arrivée des Britanniques. Ce sont surtout ses parents qui lui ont parlé de ces drôles de voisins…

Emmenés par le général Evans, les Écossais de Roncq, un important contingent des Royal Scots Fusiliers (RSF), débarquent peu après la déclaration de guerre à l'Allemagne. Omniprésents, ils se répartissent sur plusieurs sites dans la ville, dans l'attente de l'ennemi. Leur quartier général est aménagé dans les murs du château Tiberghien (les troupes allemandes s'y installeront par la suite). Beaucoup de Roncquois logent des officiers et des sous-officiers. Des soldats investissent des bâtisses vides, rue de Lille et ailleurs.

Les habitants ne tardent pas à s'attacher à ces nouveaux-venus, dès le début de l'automne 1939. La famille Deleplace, elle, n'a qu'à traverser la rue pour les voir, cantonnés dans la casemate d'en face. Cet abri enterré (seul l'accès est réellement visible) se trouve dans une pâture devant l'actuel numéro 273 de la rue de Lille, là où le tramway d'alors quitte le Blanc-Four en fendant les champs.

Fenêtre sur Écossais

La barrière de la langue tombe bien vite entre les soldats et les Roncquois, à coups de petits plats et de sourires. « Ils étaient bien nourris mais n'avaient que des conserves. Nous, on avait des légumes. On cuisinait quelques fois pour eux, retrace Michel Deleplace. On a surtout sympathisé avec l'un d'eux : Morgan. »

Les militaires apprécient. Ils rendent la pareille en rentrant de leurs permissions. Ils partagent avec les locaux le contenu de leurs malles, chargées de mets de leurs contrées.

Les Écossais resteront à Roncq jusqu'en avril 1940. Ils quitteront la Vallée de la Lys avant l'approche du rouleau compresseur allemand, qui écrasera tout sur son passage en combinant blindés et aviation (le tristement célèbre blitzkrieg).

Peu de temps auparavant, les Britanniques festoyaient encore avec les Roncquois. Ils pensaient tous que le jour du grand départ n'arriverait jamais. « Ma mère parlait des communions solennelles, au printemps 1940, se remémore Michel Deleplace. Devant le cortège des communiants, les soldats marchaient en grande tenue, avec les cornemuses. »

Des Écossais en kilt apprennent également aux Français les danses « highlands » en marge des rassemblements, notamment lors du Nouvel An. « Ils avaient noué un lien assez fort. (…) À la Libération, je me rappelle de mon père qui demandait aux Anglais des nouvelles du régiment de Morgan ! Il était un peu perdu dans l'euphorie du moment, s'amuse Michel Deleplace. Comment vouliez-vous qu'ils aient des nouvelles de lui ? »

Le copain britannique qui stationnait en face s'en est heureusement tiré. « Morgan a écrit un courrier à mes parents pour reprendre contact, après la guerre. On n'a pas poursuivi cette correspondance. On n'était pas très riches... Aller en Écosse ou qu'il vienne chez nous, ce n'était pas possible. » Seuls restent ces souvenirs, couchés sur un cahier quelque 80 ans plus tard.

Nous nous sommes appuyés sur des publications du Club roncquois d'Histoire locale pour rédiger cet article.

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